Heba Farid©2009
En Égypte, la combinaison de plusieurs langues et le recours à des langues multiples remontent à très loin dans l’histoire : la langue pharaonique, dont la transcription a connu plusieurs évolutions successives, a constitué à son stade final la langue copte. Par ailleurs, le grec, l’arabe, le turc, le français, l’italien puis l’anglais ont été successivement introduits en Égypte, où ils ont apporté leur influence. Une langue dite auxiliaire ne remplace pas une langue maternelle, mais joue plutôt le rôle de langue supplémentaire. Elle représente en soi un exercice de communication interculturelle, une langue unique et fabriquée qu’utilisent les locuteurs de langues différentes pour communiquer entre eux. Toutefois, ce sont les langues issues des sociétés dominantes qui tiennent lieu de langues auxiliaires à l’échelle internationale. Le français et l’anglais, et, sans aucun doute, l’arabe, ont été employés, répandus et aussi transformés, en particulier au Moyen-Orient. Étant donné que ces langues sont associées à la domination (ou au colonialisme) de nature culturelle, politique et économique qui les a popularisées, elle font souvent l’objet de vigoureux débats. Le fait de les employer – ou pas – interroge de façon critique notre identité culturelle, notre mémoire et notre nationalisme. Cette œuvre est inspirée du procédé de décodage de la pierre de Rosette. Animée dans sa forme, son esthétique est néanmoins fondée sur le texte : en effet, elle repose sur des phrases écrites en temps réel par les internautes qui visitent le site. Les langues utilisées sont l’arabe, l’anglais et le français. Le visiteur crée une courte phrase, puis l’ajoute à un fil de discussion textuel affiché sur un « mur » qui se prolonge à l’infini. Il peut ensuite lire la séquence de textes dans une autre langue à travers une « lentille », avant qu’elle ne s’évanouisse progressivement vers un inévitable oubli. Plutôt que de s’appuyer sur une langue fabriquée, l’œuvre explore l’idée selon laquelle nous serions capables – de façon inhérente, dans la perspective d’une évolution futuriste – de lire, écrire et parler n’importe quelle langue, de façon trans-littérale, au moyen de n’importe quelles lettres existantes. Par exemple, au Caire, la phrase « J’aime jouer avec les langues » peut être rendue spatialement de différentes manières, via deux langues dominantes : (LANGUE ANGLAISE – ALPHABETS LATIN & ARABE) Se connecter à "LangMACHINuage" Heba Farid (née au Caire en 1966), artiste multidisciplinaire établie au Caire, possède une formation en architecture du paysage, en arts plastiques et en théorie de l’art. Son travail est souvent multidisciplinaire, combinant la photographie et les installations multimédias. Les thèmes de l’identité et de la terre, en tant que champs de nombreuses batailles idéologiques, sont au centre de son œuvre. Heba Farid travaille actuellement à un projet multidisciplinaire d’art/recherche visant à produire un livre, des archives musicales numériques et un documentaire portant sur Na’ima al-Misriyya, chanteuse égyptienne du début du XXe siècle, caractéristique de la musique arabe à l’ère du phonographe (www.naima-project.org). Elle est membre fondatrice du Contemporary Image Collective (CiC), organisme cairote indépendent géré par des artistes et consacré à l’image (www.ciccairo.com). Elle est également commissaire d’un projet d’archivage et de numérisation de collections égyptiennes de photographies historiques du Centre égyptien de documentation du patrimoine culturel et naturel, CULTNAT/Biblioteca Alexandrina (www.cultnat.org). Le travail de Heba Farid a fait partie de nombreuses expositions dans le monde arabe, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Notamment: 3e Fotofestival Mannheim_Ludwigshafen_Heidelberg (2009); Galerie IFA, Berlin & Stuttgart (2009); Institut Français de Fès, Maroc (2008); Palais des Arts de Marseille (2008); Nouvelles Rencontres Africaines de la Photographie, 7e édition, Bamako (2007); Espace Karim Francis, Le Caire (2007); PROGR Zentrum für Kulturproduktion, Berne (2006); MUSAC, Museo de Arte Contemporáneo de Castilla y León (2006); Alexandria Contemporary Arts Forum, Alexandrie (2005); Diyarbakir Art Centre (2005); Contact, Beyrouth (2005); Galerie Le Pont, Alep (2005); PhotoForum Pasquart, Bienne (2002); Townhouse Gallery, Le Caire (2002); Gallery of Southwestern Manitoba, Brandon (1998); ARC Gallery, Albuquerque (1995); FEUL Gallery, Seattle (1993); Fringe Theatre Festival, Winnipeg (1992); Floating Gallery, Winnipeg (1992); Ace Art Inc., Winnipeg (1992). Pour en savoir davantage sur l'artiste et son travail: |
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